Les 4 phases-clés d’une carrière en banque

Il en va des carrières en banque comme de la course des planètes : elles suivent une orbite définie par de multiples paramètres et connaissent plusieurs phases. Soit vous réussissez et vous avez toutes les chances de vous retrouver VP autour de la trentaine, MD vers 35 ans et directeur de division 10 ans plus tard. Soit vos résultats ne sont pas à la hauteur et vous êtes hors course – peut-être avant 30 ans, durant la trentaine ou au début de la quarantaine. Dites-vous dans ce cas que le plus tôt serait finalement le mieux : si vous devez réorienter votre carrière vers un autre secteur, autant y penser tant que vous êtes encore jeune.

Recruteurs, banquiers et universitaires s’accordent autour de quatre phases déterminantes pour les carrières en finance. Si vous voulez être maître de votre carrière, réussir et surmonter les obstacles, voici quelques conseils à suivre.

  1. Les années de technicien

Au début d’une carrière en banque – vos années de jeune diplômé à un poste d’analyste ou d’associate, entre 20 et 25 ans, tout tourne autour de l’excellence, du souci du détail et d’un boulot de dingue.

Pour May Busch, ancienne COO de Morgan Stanley Europe, aujourd’hui à la tête d’un cabinet de conseil en carrière pour les professionnels de la finance, « un analyste ou associate doit exceller dans tous les aspects techniques de son poste ». En d’autres termes, «  il vous faut assurer au quotidien. En M&A, cela consistera à produire des modèles financiers ; dans des fonctions commerciales ou en trading, comprendre les marchés financiers. »

Linos Lekkas, directeur Europe Centrale et EMEA de la banque de financement et d’investissement chez Citigroup, avait la même approche lorsque nous l’avions interviewé il y a plusieurs années : « Au début de votre carrière, vous devez absolument faire la preuve de votre fiabilité. Si vous n’y parvenez pas et ne suscitez pas la notoriété nécessaire pour vous constituer une base solide, on reconnaîtra votre talent mais un doute pourra toujours subsister quant à votre fiabilité. »

Les pièges à éviter : le burnout constitue un problème omniprésent durant la phase technique d’une carrière en banque. Une étude réalisée par Alexandra Michel, ex-banquière devenue enseignante à l’université de Californie, a révélé que les jeunes banquiers s’imposent une compétition permanente, contre les autres autant que contre eux-mêmes, avec une intensité telle qu’ils présentent les symptômes de l’épuisement physique dès les trois premières années. « Les trois années suivantes sont caractérisées par la manifestation réelle de l’épuisement physique » explique Alexandra Michel. A la suite de quoi les jeunes banquiers soit apprennent à gérer leur charge de travail, soit quittent le secteur.

Si vous survivez à l’épuisement physique durant la phase technique, vous pouvez encore succomber à l’épuisement mental. Le métier des analystes et des associates peut s’avérer rébarbatif – particulièrement en banque d’investissement (IBD) où vous passez votre temps à bâtir des modèles financiers. Il n’est pas rare que les gens quittent la banque autant par ennui que par épuisement.

 

  1. Les années d’exploration

Si vous survivez à votre phase technique et maîtrisez les pré-requis de votre poste, vous devez commencer à regarder autour de vous où exercez au mieux vos talents.

Pour May Busch, « vous devez trouver votre place naturelle ». Selon elle, « il vous faut être ‘suffisamment bon’ dans les tâches fondamentales de votre poste, et ensuite explorer l’organisation de la structure qui vous emploie pour voir où vous donnerez le meilleur de vous-même. Pas question d’atterrir sur un poste susceptible de laisser transparaître vos faiblesses – identifiez les postes pour lesquels vous avez des prédispositions naturelles et tendez vers ce type de job. »

Les années d’exploration commencent lorsque vous accédez au niveau intermédiaire d’associate et s’achèvent par l’accession à un poste de VP junior. C’est au cours de cette période que vous devrez développer vos relations et vous constituer un réseau au sein de l’organisation. A ce stade, il faut rechercher des mentors et des parrains, qui vous soutiendront et vous aideront à gagner l’exposition dont vous aurez besoin pour les postes dans lesquels vous avez tout pour exceller.

C’est aussi la bonne période pour envisager un changement d’employeur. Si vous êtes dans une banque de tier two ou three, passez à la catégorie supérieure. Si vous êtes dans une équipe qui ne traite pas de deals, rejoignez-en une.

Les pièges à éviter : le premier serait de passer à côté de l’exploration. On se laisse facilement engluer dans le travail mais n’oubliez pas une chose : si vous ne parvenez pas à trouver des parrains ou à vous positionner dans le bon job, vous le regretterez plus tard.

  1. Les années marathon

Du début de la trentaine jusqu’à vos 40 ans, les années marathon sont cruciales dans la carrière d’un banquier. Avec un peu de chance, c’est au cours de cette période que vous passerez par les postes de VP junior puis de MD. A ce stade, le mot d’ordre selon May Busch est simple : « démarrez au quart de tour et courez ! »

Cela correspond au moment où vous devez commencer à générer du chiffre pour la banque. Si vous êtes en IBD ou dans un service commercial, il est temps de développer votre portefeuille clients et votre relationnel. Vous devez vous faire connaître pour votre maîtrise d’un secteur spécifique, et lister vos résultats les plus probants. Si vous êtes trader, positionnez-vous en spécialiste produit, à qui on pourra faire confiance dans une perspective de P&L positif, dans les limites de risque définies par la banque.

Tout au long du marathon, vous devrez poursuivre la mise en place de votre réseau au sein de l’organisation et construire un relationnel avec vos parrains autant qu’avec les actionnaires.

Si vous changez de poste au cours de la période marathon, soyez prêt à mettre les bouchées doubles. Il n’est pas question de partir pour un job où vous ne pourrez pas occuper le terrain. Assurez-vous autant que faire se peut que vous disposerez des ressources et des soutiens nécessaires dans ce nouveau rôle. « Il peut y avoir un facteur chance », indique Clive, ex–MD chez JP Morgan. « J’ai changé deux fois pour des postes senior pour lesquels on m’avait promis monts et merveilles. Et pour découvrir ensuite que non seulement les personnes aussi enthousiastes que rassurantes qui m’avaient recruté avaient quitté la boîte peu après, mais aussi que les jobs étaient bien moins intéressants qu’elles ne l’avaient prétendu. »

Dans l’idéal, si vous changez de poste durant cette phase, choisissez une structure où vous avez déjà un parrain bien établi – le top consistant à rejoindre un ancien boss ou collègue qui fait déjà partie de votre réseau.

Les pièges à éviter : c’est à ce stade que les carrières commencent à s’essouffler si l’exploration lors de la période précédente s’est révélée insuffisante – si vous êtes à la mauvaise place dans la mauvaise banque, sans soutiens internes, vous ne progresserez pas.

May Busch précise qu’un possible essoufflement est souvent dû à l’impatience et à la mauvaise compréhension d’une nécessité absolue : la construction de vos réseaux en interne doit être permanente. « Je vois des sorties de route à cette période simplement parce que les intéressés n’ont pas su établir de relationnel avec leurs collègues », ajoute-t-elle. « Ils pensent qu’il suffit de baisser la tête et faire son boulot correctement – mais justement non ». Il est important à ce stade de devenir plus proactif dans la gestion de votre carrière : « Tant que vous êtes analyste ou associate, vous restez en quelque sorte encadré. Tout change quand vous passez VP – il n’y a alors plus grand monde pour soutenir votre carrière. »

Les coureurs de marathon peuvent aussi ne pas avoir de chance. S’ils ‘courent’ avec un produit, comme les dérivés de crédit, qui passe de mode, ils se retrouvent hors course. Si leurs parrains changent d’employeurs, il devient difficile pour eux de progresser au sein de l’organisation, ce qui constitue un frein et peut induire la fin de leur carrière. Comme le souligne Clive, « la chance joue un rôle non négligeable. Vous êtes dans un secteur qui s’en sort bien, ou pas. Vous êtes dans une position avec des opportunités de promotion, ou pas – et dans ce cas, il faut changer d’employeur. »

  1. La sagesse

La sagesse constitue l’apogée d’une carrière de banquier. Les MD bien établis, avec une solide base clients, ont appris à se composer un réseau en interne et hors de leur entreprise. Pour Clive, « c’est un savant mélange d’application, de chance et d’aptitudes. » Et de poursuivre : « Ceux qui y parviennent travaillent dur, réussissent et n’ennuient personne. Ce sont ceux, quand les choses se compliquent, qui sont appréciés au sein de l’entreprise, et sont perçus comme rassurants. »

Les sages sont généralement proches de la quarantaine. Selon May Busch, « ils disposent de parrains en interne. » Et, précision utile, « ils ont reçu un retour tout au long de leur carrière et ont su l’exploiter pour s’améliorer et donc progresser. Ils allient l’excellence dans leur job à un solide réseau de relations fiables parmi les actionnaires, tant au sein de la banque qu’à l’extérieur. Et enfin, ils ont des résultats ! »

Elle poursuit en insistant sur le fait que les banquiers parvenus à ce stade savent gérer l’aspect émotionnel : « ils ont appris à exprimer leurs désaccord sans devenir désagréables, et sont passés maîtres dans l’art d’influencer les choses de manière constructive. Ils ne pleurnichent pas pour un oui ou pour un non et appellent un chat un chat – ils disent : ‘ il y a un problème, voilà la solution et ce qu’il est possible de faire.’ »

Les pièges à éviter : Pour toutes leurs qualités, les Sages peuvent être vulnérables car ils sont chers. Si leur secteur de marché encaisse un revers, ils sont débarqués. La vie d’un sage consiste avant tout à prolonger le plus longtemps possible son potentiel de salaire. A ce stade, il peut être opportun de changer d’employeur pour rejoindre une entreprise du tier two à la recherche de votre expérience de pro, qui saura apprécier votre sagesse à sa juste mesure – à la condition expresse que la rémunération suive. Comme le précise Clive, « si vous êtes excellent et qu’une banque de tier two est prête à vous payer grassement, cela peut valoir la peine de bouger. » Mais attention, poursuit-il : « Il y a un vrai risque – celui que vous ne puissiez jamais revenir dans l’une des structures du Top 10 – ce qui signifierait la fin de votre carrière. »

Source : Sarah Butcher efinancialcareers

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